Un invité exceptionnel pour un projet d’écriture en CPGE scientifique

À l’occasion d’un projet de Formation Humaine et Sociale, proposé par notre professeure, Madame Chevalier, notre groupe de TD de 17 étudiants en deuxième année de Classe Préparatoire Généraliste PSI, implantée à l’ISEN, a rencontré le célèbre romancier de polars noirs, Franck Thilliez, ancien ingénieur ISEN (diplômé en 1996). 

Notre matinée du mardi 22 avril a notamment été l’occasion de poser des questions sur l’écriture romanesque et d’avoir des conseils sur nos propres productions littéraires. Nous menons, en effet, individuellement, l’écriture d’une nouvelle policière. 

Une visite en toute simplicité

Après une visite de l’Institut Supérieur d’Électronique et du Numérique qui, en trente ans, a bien changé (agrandissement du site historique ISEN, notamment par le bâtiment Colson, et surtout intégration des programmes ISEN dans l’école JUNIA qui développe aussi les programmes HEI et ISA), notre invité nous a rejoints dans notre salle de cours. 

Franck Thilliez, pour nous mettre à l’aise, a commencé par présenter son parcours professionnel après l’ISEN : il a travaillé comme informaticien dans trois entreprises des Hauts de France. Durant cette période, lors de ses trajets pour se rendre au travail, des histoires se construisaient dans sa tête, répondant au besoin irrépressible de faire vivre des personnages. L’écriture est venue ensuite, vers 2001, aboutissant à la parution de son roman Train d’enfer pour ange rouge, en 2004. Le premier succès qui l’a marqué, c’est celui du roman La Chambre des morts, primé par le Prix SNCF du polar en 2007. Dès lors, l’évidence de vivre de sa plume s’est imposée. 

« Je sais ce que je veux écrire, mais je ne sais pas comment. »

Un premier étudiant, Théophile, a voulu connaître le mode de travail de M. Thilliez et surtout comment il parvient à se réinventer dans chaque œuvre. Ses 24 romans ont été alors présentés comme 24 grosses idées différentes, nécessitant des recherches dans des domaines qui passionnent l’auteur : les sciences, ce qui touche au fonctionnement de l’être humain (la mémoire, l’ADN, le cerveau, …) et à sa psychologie (par exemple : comment rendre compte du passage à l’acte meurtrier à partir de l’éducation et des événements passés vécus par le criminel ?). 

Un autre étudiant, Justin, s’est alors intéressé aux critères qui permettent d’arriver à un roman réaliste. M. Thilliez a insisté sur l’importance de ses recherches documentaires, de nombreuses lectures mais aussi des contacts avec des spécialistes, par exemple la visite de l’institut Pasteur de Lille en 2013 lui a permis de poser des questions sur l’apparition des virus et leur transmission, sujet au cœur du roman Pandemia, publié en 2014. Cependant, connaître les procédures de la médecine légale, le fonctionnement d’une enquête de police n’empêche pas d’inventer de toutes pièces le personnage du Commissaire Sharko : son manquement des procédures le rend invraisemblable, mais ce n’est pas cela que les lecteurs retiennent, plus touchés par les malheurs qui frappent cet homme et par sa pugnacité à résoudre les plus sordides affaires criminelles. L’écriture en un seul jet (écriture inspirée) qui questionne un autre étudiant, Stanislas, est l’occasion de revenir sur les techniques d’écriture de chaque polar : la méthode du Mind Mapping qui dure 4 à 5 mois, la construction des grandes lignes de l’intrigue et surtout l’épilogue prévu dès le départ. Suivront l’écriture du livre entier et la gestion de la parution ; le tout tenant en un an. 

Un parcours relaté avec humilité où le respect du public prend toute sa place

Léa interroge ensuite M. Thilliez sur la place des indices, leur dosage pour que la chute du livre ne soit pas trop évidente. D’après notre invité, le lecteur doit ressentir de la frustration pour se passionner : l’écrivain met au point chaque indice pour que la fin de son intrigue ne soit ni trop surprenante, ni trop évidente. Adrien s’inquiète alors de la difficulté à finir et à publier un premier livre. Notre interlocuteur rappelle avec humilité que son métier dépend de l’intérêt des éditeurs et des libraires, qu’il a envoyé beaucoup de manuscrits avant qu’une maison d’édition, spécialisée entre autres dans le polar, « Le Passage », lui donne sa chance. « C’est très difficile de percer dans le monde littéraire. » Un autre étudiant, Antoine, réagit à ces obstacles en se demandant si l’Intelligence Artificielle ne peut pas venir en aide aux auteurs, leur fournir des idées originales et séduisantes. M. Thilliez explique que l’enjeu n’est pas de faire facilement une belle histoire, mais d’arriver à un travail de qualité : après une période libre de tâtonnement (rencontres de personnes et de lieux) puis de recherches très approfondies sur le sujet, plusieurs semaines sont dévolues à l’écriture, pensée comme « un acte voulu ». L’originalité d’un auteur vient de sa manière de créer un univers, d’agencer les actions, de se questionner sur le fonctionnement de l’être humain. 

En quoi votre formation d’ingénieur participe-t-elle à la création de vos livres ?

Pour Franck Thilliez, la façon d’agencer l’intrigue, à la manière d’un puzzle réfléchi, et la curiosité qui fait que ce n’est plus ce qui était en soi qu’on place au cœur de l’intrigue, mais ce que le monde réel peut offrir comme sujet, viennent d’un esprit scientifique, « mécanique », qui s’est construit au fil de ses études et de son métier d’informaticien pour devenir capable d’agencer, de construire des intrigues, à chaque fois surprenantes. 

Voilà ce que mes camarades et moi-même avons retenu de notre rencontre qui s’est achevée par une séance de conseils individuels, sur nos propres nouvelles policières. Cette rencontre avec un grand auteur de romans policiers nous a marqués et nous lui sommes profondément reconnaissants de cet échange enrichissant. 

Martin VANLICHTERVELDE, étudiant en CPGE 2ème année ISEN

À l’occasion d’un projet de Formation Humaine et Sociale, proposé par notre professeure, Madame Chevalier, notre groupe de TD de 17 étudiants en deuxième année de Classe Préparatoire Généraliste PSI, implantée à l’ISEN, a rencontré le célèbre romancier de polars noirs, Franck Thilliez, ancien ingénieur ISEN (diplômé en 1996). 

Notre matinée du mardi 22 avril a notamment été l’occasion de poser des questions sur l’écriture romanesque et d’avoir des conseils sur nos propres productions littéraires. Nous menons, en effet, individuellement, l’écriture d’une nouvelle policière. 

Une visite en toute simplicité

Après une visite de l’Institut Supérieur d’Électronique et du Numérique qui, en trente ans, a bien changé (agrandissement du site historique ISEN, notamment par le bâtiment Colson, et surtout intégration des programmes ISEN dans l’école JUNIA qui développe aussi les programmes HEI et ISA), notre invité nous a rejoints dans notre salle de cours. 

Franck Thilliez, pour nous mettre à l’aise, a commencé par présenter son parcours professionnel après l’ISEN : il a travaillé comme informaticien dans trois entreprises des Hauts de France. Durant cette période, lors de ses trajets pour se rendre au travail, des histoires se construisaient dans sa tête, répondant au besoin irrépressible de faire vivre des personnages. L’écriture est venue ensuite, vers 2001, aboutissant à la parution de son roman Train d’enfer pour ange rouge, en 2004. Le premier succès qui l’a marqué, c’est celui du roman La Chambre des morts, primé par le Prix SNCF du polar en 2007. Dès lors, l’évidence de vivre de sa plume s’est imposée. 

« Je sais ce que je veux écrire, mais je ne sais pas comment. »

Un premier étudiant, Théophile, a voulu connaître le mode de travail de M. Thilliez et surtout comment il parvient à se réinventer dans chaque œuvre. Ses 24 romans ont été alors présentés comme 24 grosses idées différentes, nécessitant des recherches dans des domaines qui passionnent l’auteur : les sciences, ce qui touche au fonctionnement de l’être humain (la mémoire, l’ADN, le cerveau, …) et à sa psychologie (par exemple : comment rendre compte du passage à l’acte meurtrier à partir de l’éducation et des événements passés vécus par le criminel ?). 

Un autre étudiant, Justin, s’est alors intéressé aux critères qui permettent d’arriver à un roman réaliste. M. Thilliez a insisté sur l’importance de ses recherches documentaires, de nombreuses lectures mais aussi des contacts avec des spécialistes, par exemple la visite de l’institut Pasteur de Lille en 2013 lui a permis de poser des questions sur l’apparition des virus et leur transmission, sujet au cœur du roman Pandemia, publié en 2014. Cependant, connaître les procédures de la médecine légale, le fonctionnement d’une enquête de police n’empêche pas d’inventer de toutes pièces le personnage du Commissaire Sharko : son manquement des procédures le rend invraisemblable, mais ce n’est pas cela que les lecteurs retiennent, plus touchés par les malheurs qui frappent cet homme et par sa pugnacité à résoudre les plus sordides affaires criminelles. L’écriture en un seul jet (écriture inspirée) qui questionne un autre étudiant, Stanislas, est l’occasion de revenir sur les techniques d’écriture de chaque polar : la méthode du Mind Mapping qui dure 4 à 5 mois, la construction des grandes lignes de l’intrigue et surtout l’épilogue prévu dès le départ. Suivront l’écriture du livre entier et la gestion de la parution ; le tout tenant en un an. 

Un parcours relaté avec humilité où le respect du public prend toute sa place

Léa interroge ensuite M. Thilliez sur la place des indices, leur dosage pour que la chute du livre ne soit pas trop évidente. D’après notre invité, le lecteur doit ressentir de la frustration pour se passionner : l’écrivain met au point chaque indice pour que la fin de son intrigue ne soit ni trop surprenante, ni trop évidente. Adrien s’inquiète alors de la difficulté à finir et à publier un premier livre. Notre interlocuteur rappelle avec humilité que son métier dépend de l’intérêt des éditeurs et des libraires, qu’il a envoyé beaucoup de manuscrits avant qu’une maison d’édition, spécialisée entre autres dans le polar, « Le Passage », lui donne sa chance. « C’est très difficile de percer dans le monde littéraire. » Un autre étudiant, Antoine, réagit à ces obstacles en se demandant si l’Intelligence Artificielle ne peut pas venir en aide aux auteurs, leur fournir des idées originales et séduisantes. M. Thilliez explique que l’enjeu n’est pas de faire facilement une belle histoire, mais d’arriver à un travail de qualité : après une période libre de tâtonnement (rencontres de personnes et de lieux) puis de recherches très approfondies sur le sujet, plusieurs semaines sont dévolues à l’écriture, pensée comme « un acte voulu ». L’originalité d’un auteur vient de sa manière de créer un univers, d’agencer les actions, de se questionner sur le fonctionnement de l’être humain. 

En quoi votre formation d’ingénieur participe-t-elle à la création de vos livres ?

Pour Franck Thilliez, la façon d’agencer l’intrigue, à la manière d’un puzzle réfléchi, et la curiosité qui fait que ce n’est plus ce qui était en soi qu’on place au cœur de l’intrigue, mais ce que le monde réel peut offrir comme sujet, viennent d’un esprit scientifique, « mécanique », qui s’est construit au fil de ses études et de son métier d’informaticien pour devenir capable d’agencer, de construire des intrigues, à chaque fois surprenantes. 

Voilà ce que mes camarades et moi-même avons retenu de notre rencontre qui s’est achevée par une séance de conseils individuels, sur nos propres nouvelles policières. Cette rencontre avec un grand auteur de romans policiers nous a marqués et nous lui sommes profondément reconnaissants de cet échange enrichissant. 

Martin VANLICHTERVELDE, étudiant en CPGE 2ème année ISEN

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