Les classes préparatoires du site ICAM

Témoignage des Professeurs de Sciences Industrielles

En sciences de l’ingénieur en CPGE, nos élèves sont habitués à retrouver sur un site web l’intégralité de ce qui est proposé en classe : l’avancement, les documents présentés, les énoncés, les corrections des devoirs etc… L’utilisation des outils numériques et l’accessibilité des supports pédagogiques n’étaient donc pas un problème.

Dans le cadre de la continuité pédagogique en période de confinement, nous nous sommes surtout posé la question suivante : comment permettre à nos élèves de tirer la meilleure partie de la situation ? Immédiatement, nous avons exclu la possibilité de faire « comme avant », simplement en allumant une caméra. Il ne nous semblait pas raisonnable de demander à nos élèves d’assister à 8 heures de visioconférence par jour. Nous avons évidemment également proscrit de transmettre des documents en laissant à nos élèves le soin de se débrouiller : nous ne souhaitions pas que nos élèves se retrouvent seuls face à des pages de calculs et d’équations. Bien que cela ne poserait sans doute pas de difficultés pour les meilleurs d’entre eux, cette solution aurait très certainement démotivé les plus fragiles.

Nous voulions saisir l’opportunité de l’enseignement à distance pour permettre une plus grande flexibilité pour l’apprenant, sans rompre ni l’interaction du duo enseignant/élève, ni l’émulation du groupe classe.

Un premier travail d’adaptation a consisté en la refonte totale de nos supports pédagogiques afin de permettre à l’élève d’avancer davantage en autonomie. Les énoncés de TD sont donnés à l’avance et doivent être préparés. Nous les accompagnons désormais d’un second fichier nommé  »éléments de correction ». Ce document ne constitue pas la correction intégrale, mais il donne des éléments de réponses, des clés, qui peuvent aider nos élèves à surmonter les questions les plus difficiles, afin de ne pas rester bloqués.

Pour garder l’homogénéité du groupe classe nous avons conservé des créneaux communs, avec l’utilisation simultanée de deux outils : un chat et une visioconférence.

Le chat, organisé avec un fil de discussion par question de TD, restera accessible par tous après la séance. Nous demandons à nos élèves d’y exprimer leurs interrogations, et notre réponse reste ainsi visible de tous. La visioconférence permet de communiquer oralement, tout en partageant un écran de présentation. C’est cette visioconférence qui nous permet de rythmer l’avancement. Au fil de l’avancement de la correction, le chat permet à nos élèves de proposer rapidement leur solution, en prenant simplement une photo de leur copie à l’aide de leur smartphone. Les enseignants peuvent alors rebondir sur les propositions par oral dans la visioconférence. Exemple de chat 

Nous utilisons cette conférence avec un partage d’écran de la même manière que nous pourrions le faire en classe en demandant à chacun de poser son stylo et de regarder le tableau.

Ce fonctionnement permet aux élèves qui auraient connu des soucis de connexion au créneau prévu de retrouver la trace du cheminement du TD. L’élève absent ne retrouve pas seulement le corrigé, mais surtout l’ensemble du cheminement, des questions posées, des pièges à éviter etc…  

Pour permettre de naviguer efficacement entre ces différents moyens de communication, nous avons opté pour une réorganisation totale de l’emploi du temps, permettant à deux enseignant d’intervenir simultanément sur un créneau horaire, avec plus d’élèves connectés que d’élèves physiquement présent dans une salle de classe habituellement. De ce fait, nous avons une réactivité accrue face aux questions posées : un élève en avance peut poser une question par écrit et un enseignant peut lui répondre, pendant que l’autre enseignant reste au rythme normal de l’avancement du groupe. La question et la réponse reste visible de tous, ce qui permet au groupe de prendre connaissance de la question et de la réponse au moment où ils en ont besoin.  

Lors des cours, le problème inverse se pose : comment éviter de dérouler un diaporama ?

En classe, le tableau blanc reste un excellent outil de communication, pour peu qu’il soit rempli de manière structurée. Nous sommes habitués à commenter ce que nous sommes en train d’écrire : nos élèves peuvent recevoir nos informations de manière orale et visuelle. Le rythme de l’écriture permet également de réguler le débit d’informations, ce qui est plus difficile à recréer avec un diaporama « tout prêt ». C’est par l’utilisation d’une tablette graphique que l’enseignant retrouve l’interactivité de la communication : avec un système de calque à l’écran, l’enseignant complète certaines lignes restées vierges : des démonstrations, des applications etc… L’attention peut être attirée sur certains points en entourant, soulignant etc… Certes, ces actions pourraient être pré-enregistrées dans un diaporama, mais nous avons constaté que l’imperfection manuscrite rompt la monotonie d’une présentation trop « carré ».

Notre discipline laisse une grande part à la conception et à la réalisation de système ou de partie de système. Nous avions initié un projet à mener en groupe avant le confinement. Ce projet comporte une grande part de conception et de calculs préliminaires en amont de la réalisation d’un démonstrateur. Avec une hypothèse de rentrée début mai, les objectifs du projet peuvent être maintenus. En temps normal, nous invitons déjà nos étudiants à utiliser des outils de travail collaboratif, cette période ne constitue donc pas vraiment une rupture dans la façon de faire. Nous imposons un créneau horaire commun à chaque groupe de projet, durant lequel ils doivent nous présenter leur avancement, puis nous restons joignables pour répondre oralement à leurs questions. Pour eux, la plus grande difficulté consiste à ne pas faire les réunions directement en face à face, mais en visioconférence. Cependant, nous constatons que cela les oblige à réaliser des croquis, des schémas, des plans pour communiquer leurs idées. Le temps de préparation pour communiquer est un peu plus long, mais la communication qui en résulte est souvent plus efficace. Cette difficulté supplémentaire pour eux pourrait finalement leur devenir profitable.

Une dernière action mise en place pour aider nos étudiants à garder le rythme de travail adapté fut de déployer de manière hebdomadaire des QCM formatifs autocorrigés. Cet outil, qui n’était pas utilisé de manière systématique avant le confinement, permet à l’élève de se situer dans ses apprentissages, et permet à l’enseignant de connaître les difficultés rencontrées.

En résumé, les contraintes extérieures nous ont poussés à bouleverser nos habitudes et nous avons beaucoup travaillé à tirer tous les bénéfices possibles de cette période de confinement. Pour nous, les enseignants, cela s’est traduit par une quantité de travail supplémentaire à fournir pour adapter les supports. A titre d’exemple, le simple fait de typographier chaque ligne de calcul d’une correction demande un temps beaucoup plus conséquent qu’une feuille de préparation manuscrite qui nous permet ensuite d’organiser au mieux la correction au tableau. En effet, pour moi qui suis pourtant habitué à taper au clavier, à une vitesse presque similaire à la parole, je n’arrive pas à réduire le temps nécessaire à la mise en forme d’une équation qui fait intervenir de nombreux indices, exposants, symboles mathématiques et lettres grecques.

De même, l’organisation au sein de l’équipe pédagogique est modifiée. Avec la formule que nous avons choisie, un enseignant anime et rythme l’avancement par oral, alors que l’autre enseignant répond aux questions écrites. Notre rôle est donc différent, mais complémentaire. Nous changeons de rôles dans la semaine, mais gardons le même rôle sur un créneau complet. Cette nouvelle distribution des cartes nous a demandé quelques séances de mises au point préalables à la mise en application avec nos élèves. 

Nous sommes satisfaits des premiers retours de nos étudiants, puisque cette manière de fonctionner semble être appréciée à la hauteur des efforts fournis pour la mettre en place et pour la maintenir. Nous profitons d’ailleurs de l’occasion qui nous ait donnée pour remercier nos élèves qui font également preuve d’un grand sérieux et d’une belle capacité d’adaptation pour rester acteur de leur formation avec un état d’esprit positif.

Nous avons également constaté que cette mise en place a été facilitée par les liens qui existaient au préalable avec nos élèves et entre nos élèves. La même démarche début septembre aurait été encore plus difficile à faire vivre.

Nicolas Capron, Emeric Ducoulombier, Léo Lecoeuche et Nicolas Serot, Professeurs de Sciences de l’Ingénieur

Témoignage des Professeurs de Sciences Industrielles

En sciences de l’ingénieur en CPGE, nos élèves sont habitués à retrouver sur un site web l’intégralité de ce qui est proposé en classe : l’avancement, les documents présentés, les énoncés, les corrections des devoirs etc… L’utilisation des outils numériques et l’accessibilité des supports pédagogiques n’étaient donc pas un problème.

Dans le cadre de la continuité pédagogique en période de confinement, nous nous sommes surtout posé la question suivante : comment permettre à nos élèves de tirer la meilleure partie de la situation ? Immédiatement, nous avons exclu la possibilité de faire « comme avant », simplement en allumant une caméra. Il ne nous semblait pas raisonnable de demander à nos élèves d’assister à 8 heures de visioconférence par jour. Nous avons évidemment également proscrit de transmettre des documents en laissant à nos élèves le soin de se débrouiller : nous ne souhaitions pas que nos élèves se retrouvent seuls face à des pages de calculs et d’équations. Bien que cela ne poserait sans doute pas de difficultés pour les meilleurs d’entre eux, cette solution aurait très certainement démotivé les plus fragiles.

Nous voulions saisir l’opportunité de l’enseignement à distance pour permettre une plus grande flexibilité pour l’apprenant, sans rompre ni l’interaction du duo enseignant/élève, ni l’émulation du groupe classe.

Un premier travail d’adaptation a consisté en la refonte totale de nos supports pédagogiques afin de permettre à l’élève d’avancer davantage en autonomie. Les énoncés de TD sont donnés à l’avance et doivent être préparés. Nous les accompagnons désormais d’un second fichier nommé  »éléments de correction ». Ce document ne constitue pas la correction intégrale, mais il donne des éléments de réponses, des clés, qui peuvent aider nos élèves à surmonter les questions les plus difficiles, afin de ne pas rester bloqués.

Pour garder l’homogénéité du groupe classe nous avons conservé des créneaux communs, avec l’utilisation simultanée de deux outils : un chat et une visioconférence.

Le chat, organisé avec un fil de discussion par question de TD, restera accessible par tous après la séance. Nous demandons à nos élèves d’y exprimer leurs interrogations, et notre réponse reste ainsi visible de tous. La visioconférence permet de communiquer oralement, tout en partageant un écran de présentation. C’est cette visioconférence qui nous permet de rythmer l’avancement. Au fil de l’avancement de la correction, le chat permet à nos élèves de proposer rapidement leur solution, en prenant simplement une photo de leur copie à l’aide de leur smartphone. Les enseignants peuvent alors rebondir sur les propositions par oral dans la visioconférence. Exemple de chat 

Nous utilisons cette conférence avec un partage d’écran de la même manière que nous pourrions le faire en classe en demandant à chacun de poser son stylo et de regarder le tableau.

Ce fonctionnement permet aux élèves qui auraient connu des soucis de connexion au créneau prévu de retrouver la trace du cheminement du TD. L’élève absent ne retrouve pas seulement le corrigé, mais surtout l’ensemble du cheminement, des questions posées, des pièges à éviter etc…  

Pour permettre de naviguer efficacement entre ces différents moyens de communication, nous avons opté pour une réorganisation totale de l’emploi du temps, permettant à deux enseignant d’intervenir simultanément sur un créneau horaire, avec plus d’élèves connectés que d’élèves physiquement présent dans une salle de classe habituellement. De ce fait, nous avons une réactivité accrue face aux questions posées : un élève en avance peut poser une question par écrit et un enseignant peut lui répondre, pendant que l’autre enseignant reste au rythme normal de l’avancement du groupe. La question et la réponse reste visible de tous, ce qui permet au groupe de prendre connaissance de la question et de la réponse au moment où ils en ont besoin.  

Lors des cours, le problème inverse se pose : comment éviter de dérouler un diaporama ?

En classe, le tableau blanc reste un excellent outil de communication, pour peu qu’il soit rempli de manière structurée. Nous sommes habitués à commenter ce que nous sommes en train d’écrire : nos élèves peuvent recevoir nos informations de manière orale et visuelle. Le rythme de l’écriture permet également de réguler le débit d’informations, ce qui est plus difficile à recréer avec un diaporama « tout prêt ». C’est par l’utilisation d’une tablette graphique que l’enseignant retrouve l’interactivité de la communication : avec un système de calque à l’écran, l’enseignant complète certaines lignes restées vierges : des démonstrations, des applications etc… L’attention peut être attirée sur certains points en entourant, soulignant etc… Certes, ces actions pourraient être pré-enregistrées dans un diaporama, mais nous avons constaté que l’imperfection manuscrite rompt la monotonie d’une présentation trop « carré ».

Notre discipline laisse une grande part à la conception et à la réalisation de système ou de partie de système. Nous avions initié un projet à mener en groupe avant le confinement. Ce projet comporte une grande part de conception et de calculs préliminaires en amont de la réalisation d’un démonstrateur. Avec une hypothèse de rentrée début mai, les objectifs du projet peuvent être maintenus. En temps normal, nous invitons déjà nos étudiants à utiliser des outils de travail collaboratif, cette période ne constitue donc pas vraiment une rupture dans la façon de faire. Nous imposons un créneau horaire commun à chaque groupe de projet, durant lequel ils doivent nous présenter leur avancement, puis nous restons joignables pour répondre oralement à leurs questions. Pour eux, la plus grande difficulté consiste à ne pas faire les réunions directement en face à face, mais en visioconférence. Cependant, nous constatons que cela les oblige à réaliser des croquis, des schémas, des plans pour communiquer leurs idées. Le temps de préparation pour communiquer est un peu plus long, mais la communication qui en résulte est souvent plus efficace. Cette difficulté supplémentaire pour eux pourrait finalement leur devenir profitable.

Une dernière action mise en place pour aider nos étudiants à garder le rythme de travail adapté fut de déployer de manière hebdomadaire des QCM formatifs autocorrigés. Cet outil, qui n’était pas utilisé de manière systématique avant le confinement, permet à l’élève de se situer dans ses apprentissages, et permet à l’enseignant de connaître les difficultés rencontrées.

En résumé, les contraintes extérieures nous ont poussés à bouleverser nos habitudes et nous avons beaucoup travaillé à tirer tous les bénéfices possibles de cette période de confinement. Pour nous, les enseignants, cela s’est traduit par une quantité de travail supplémentaire à fournir pour adapter les supports. A titre d’exemple, le simple fait de typographier chaque ligne de calcul d’une correction demande un temps beaucoup plus conséquent qu’une feuille de préparation manuscrite qui nous permet ensuite d’organiser au mieux la correction au tableau. En effet, pour moi qui suis pourtant habitué à taper au clavier, à une vitesse presque similaire à la parole, je n’arrive pas à réduire le temps nécessaire à la mise en forme d’une équation qui fait intervenir de nombreux indices, exposants, symboles mathématiques et lettres grecques.

De même, l’organisation au sein de l’équipe pédagogique est modifiée. Avec la formule que nous avons choisie, un enseignant anime et rythme l’avancement par oral, alors que l’autre enseignant répond aux questions écrites. Notre rôle est donc différent, mais complémentaire. Nous changeons de rôles dans la semaine, mais gardons le même rôle sur un créneau complet. Cette nouvelle distribution des cartes nous a demandé quelques séances de mises au point préalables à la mise en application avec nos élèves. 

Nous sommes satisfaits des premiers retours de nos étudiants, puisque cette manière de fonctionner semble être appréciée à la hauteur des efforts fournis pour la mettre en place et pour la maintenir. Nous profitons d’ailleurs de l’occasion qui nous ait donnée pour remercier nos élèves qui font également preuve d’un grand sérieux et d’une belle capacité d’adaptation pour rester acteur de leur formation avec un état d’esprit positif.

Nous avons également constaté que cette mise en place a été facilitée par les liens qui existaient au préalable avec nos élèves et entre nos élèves. La même démarche début septembre aurait été encore plus difficile à faire vivre.

Nicolas Capron, Emeric Ducoulombier, Léo Lecoeuche et Nicolas Serot, Professeurs de Sciences de l’Ingénieur

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